Trois constitutionnalistes donnent leur feu vert aux cours de philo
enseignementLes cours de philos pour les petits belges francophones’est un vieux et épineux débat. Une sorte de monstre du Loch Ness de notre enseignement.
- Publié le 13-03-2013 à 07h00
Hier, trois constitutionnalistes ont bravé les tempêtes de neige pour venir expliquer en commission que ce projet n’était pourtant pas aussi mort-né qu’on le croyait. Christian Behrendt (ULg), Hugues Dumont (St Louis) et Marc Uyttendaele (ULB) ont estimé que la constitution permettait de créer un cours de « philosophie, citoyenneté et histoire culturelle des religions » dans l’enseignement secondaire. Ils ont même dit qu’il existait « une immense marge de manœuvre » et ont déclaré que le « Parlement devait dès lors prendre ses responsabilités ». Le professeur Dumont a encouragé les députés à agir. « La voie est ouverte, avancez, cessez de vous barricader sur vos piliers ».
Le député MR, Richard Miller, n'est pas peu fier de voir ainsi validé «son» projet de cours de philos. «Mon projet est de réussir le vivre-ensemble de personnes de convictions différentes. Un enseignement obligatoire, dispensé à tous les enfants, et favorisant la connaissance et le respect mutuel est essentiel», souligne Miller. Mais il craint pourtant toujours que le débat n'aboutisse pas. Car la mise en œuvre de ce cours est complexe, eu égard à notre système d'enseignement organisé en réseaux et… désargenté.
Pour Marc Uyttendaele, dans l’enseignement organisé par la Fédération, le législateur communautaire peut rendre facultatif le cours de religion. La Flandre a clairement choisi cette option, a-t-il fait observer.
Pour l’enseignement libre subventionné, imposer un cours de philo en remplacement de celui de religion est cependant impossible, a indiqué Hugues Dumont, évoquant toutefois la possibilité de conditionner le subventionnement d’un établissement à l’introduction d’un tel cours.
Évidemment, et hélas, les moyens budgétaires ne permettent pas de créer un nouveau cours au-delà de la grille horaire actuelle, regrette-t-on chez la ministre de l’enseignement Marie-Dominique Simonet (cdH). Celle-ci a proposé en 2012 que ce cours de philo soit donné par les professeurs de religion déjà en place, moyennant certains aménagements.
Les avis restent divergents sur la possibilité pour un prof de religion de donner un cours de philosophie. Hugues Dumont n’y voit pas d’objection majeure et envisage un régime transitoire, le temps que l’enseignant acquière la formation et le titre adéquats. Marc Uyttendaele craint dans ce cas un manque d’apparence d’impartialité.
C. Ern.