« Je n’en pouvais plus de voir la moitié de ma classe dormir pendant les cours magistraux » : le témoignage de Florence Raffin, enseignante de physique-chimie à Bressuire (Deux-Sèvres), ressemble à celui de tous les profs ayant finalement opté pour la « classe inversée ». Le principe ? Simple… mais révolutionnaire. Inverser, dans le travail de l’élève, ce qui se fait en classe et à la maison. Autrement dit : la découverte des cours s’effectue au domicile, la plupart du temps sous forme de courtes vidéos diffusées par l’enseignant via Internet. De quoi libérer du temps de classe pour les « devoirs » en tant que tels, avec un professeur près des élèves au moment où ils en ont le plus besoin.
Pendant un an, Florence Raffin a mené l’expérimentation en solitaire dans son établissement. Mais dès septembre, c’est l’ensemble de l’équipe enseignante de physique-chimie qui marchera dans son sillage. Tous ont été séduits par les possibilités offertes par le concept. Libéré – en partie ou totalement – du cours magistral, l’enseignant « descend de son estrade », comme elle le formule, pour accompagner, individuellement ou par petits groupes, les élèves dans des exercices d’entraînement et des activités ou travaux collaboratifs.
Combien sont-ils en France à avoir fait, comme Florence Raffin, le choix de la classe inversée ? Difficile de le savoir, tant l’essor de cette pédagogie, portée depuis 2010 dans l’Hexagone par le développement des outils numériques, s’est fait par le bas. Ils seraient « quelques milliers » d’enseignants, selon Héloïse Dufour, biologiste de formation et présidente de l’association Inversons la classe. Ce groupe milite pour le développement en France de ce qui n’est pas une « potion magique », selon Héloïse Dufour, mais « un nouvel outil dans la mallette pédagogique » des enseignants, du primaire à l’enseignement supérieur. Un outil qu’elle a découvert aux Etats-Unis et pour lequel Inversons la classe a organisé à Paris, début juillet, le premier Congrès national sur la question. L’occasion pour quelque 200 enseignants d’échanger leurs trucs et astuces, mais aussi des arguments pour rassurer élèves et parents du sérieux de la démarche.