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F.P. Journe Des montres à réserve de valeur

Depuis deux ans, la manufacture indépendante F.P. Journe ne cesse de monter en puissance aux yeux de collectionneurs et, plus récemment des investisseurs. Quelles sont les raisons de ce regain d’intérêt ? Le phénomène va-t-il durer ? Explications.

Ne croyez pas forcément les marchands lorsqu’ils vous disent qu’il ne faut parier que sur les grandes références Patek Philippe ou sur les «modèles iconiques » de Rolex pour investir ou se constituer une collection de valeur. La récente flambée des prix aux enchères et sur le second marché d’un certain nombre de pièces intéressantes de marques moins en vue, longtemps sous-évaluées, est là pour semer le doute. La question se pose désormais : là où Patek Philippe et Rolex passent, l’herbe repousse-t-elle ? La réponse semble fort être positive, si l’on veut bien regarder de près l’évolution des côtes, mais aussi du nombre et de la rapidité des transactions, pour certaines marques longtemps prisées par de fins connaisseurs, des esthètes ou des collectionneurs pointus. Tel est le cas, par exemple, aujourd’hui des premières productions de Franck Muller, mais aussi et surtout des créations de Philippe Dufour ou de François-Paul Journe. Ce dernier exemple est sans nul doute le plus représentatif, pour un certain nombre de raisons.

F.P. Journe Astronomic Blue

Lors de la vente Only Watch de 2019, la montre Astronomic Blue affolait les compteurs avec une enchère à 1,8 millions de Francs suisses. Il faut dire qu’elle avait tout pour plaire, cette pièce unique à grande complication comportant un tourbillon et une répétition minutes, avec temps sidéral, équation du temps, lever et coucher du soleil, phases de Lune, second fuseau horaire et calendrier annuel. Tout ? Sauf peut-être son marquage. Qui aurait parié, au lancement de l’initiative de cette vente aux enchères horlogère bisannuelle vouée à soutenir la recherche médicale sur la dystrophie musculaire de Duchenne, qu’un indépendant viendrait chatouiller les moustaches des grandes maisons classiques et établies ou des marques soutenues par un marketing combatif et généreux ?

La revanche de David contre Goliath ?

Si la vente Only Watch peut être considérée comme un cas à part en matière de ventes aux enchères horlogères, avec son aspect caritatif mais aussi sa sur-médiatisation, elle est tout de même un marqueur important car elle donne le ton et elle a contribué à bousculer certaines idées établies. C’est aujourd’hui un rendez-vous qui compte. En développant des pièces uniques spectaculaires, les maisons horlogères peuvent y faire la démonstration de leur créativité. Et la flambée des prix, dans l’effervescence d’une vente poussée par des motifs nobles mais sous-tendue aussi par des intérêts bien calculés, est une opportunité pour les marques de s’affirmer. Indéniablement, mais Only Watch constitue aussi une formidable plateforme globale de notoriété, ciblant les amateurs d’horlogerie exceptionnelle.

F.P. Journe - Chronomètre à résonance

Y être accepté représente déjà une réussite, en bénéficier influence significativement la cote des marques lors des ventes aux enchères qui suivent. Il y a donc un effet de cliquet. Des exemples? Adjugées 350 000 CHF et 375 000 CHF lors des deux dernières éditions, les deux pièces uniques Black Bay Only Watch de Tudor ont eu un effet certain sur la demande et sur le niveau des prix des Tudor en collection. De même, adjugée 800 000 CHF, la Royal Oak Quantième Perpétuel d’Audemars Piguet a remis en tête à bien des amateurs que la manufacture du Brassus est l’une des spécialistes des grandes complications et que la très courue Royal Oak, désirable car « sport chic » et facile à porter, sait à merveille se métamorphoser en pièce de haute horlogerie. Enfin, il est aussi possible de signaler l’exemple de la toute jeune marque française Trilobe. En présentant une pièce unique pour Only Watch en 2019, Gautier Massonneau entendait bien montrer qu’il compte jouer dans la cour des grands. David s’invite chez Goliath.

Pour les maisons indépendantes et certaines marques, les opportunités sont finalement plus grandes que pour les géants du secteur, car elles profitent de la visibilité et de l’effet sur les prix. Contrairement aux apparences, ce n’est pas forcément Patek Philippe qui tire le plus grand avantage de cette manifestation, même si, bien sûr, ses modèles Only Watch adjugés à plus de 6 et 7 millions Francs suisses entretiennent le mythe. Mais les prix pour cette griffe dans toutes les ventes sont déjà très élevés.

Les arbres ne montent pas au ciel ?

Indubitablement, l’enchère à près de deux millions de francs suisses sur la montre F.P. Journe a été l’allumette qui a mis le feu aux poudres pour cette grande signature horlogère. D’autant plus que la marque fondée par le Français François-Paul Journe et établie rue de l’Arquebuse, au cœur de Genève, est un véritable baril de poudre aux yeux des amateurs les plus exigeants. Elle réunit tous les éléments du succès : des complications rares parfaitement maîtrisées et entièrement produites en interne, un degré de finitions et de détails au-dessus de la moyenne, un intéressant travail des matières, une production très mesurée, et une esthétique subtile et séduisante, assez classique mais juste ce qu’il faut pour ne pas être passéiste. Et bien sûr le caractère éponyme de l’entreprise, toujours indépendante – même si Chanel est désormais présent au capital, mais c’est plutôt un élément supplémentaire de solidité- et dirigée par François-Paul Journe.

F.P. Journe Chronomètre à résonance

Il faut bien dire que le créateur est une figure haute en couleur. Célèbre pour son génie horloger et son tempérament artistique, il est aussi connu pour son caractère bien trempé et son franc parler. Autant d’éléments qui ont longtemps fait son succès auprès d’amateurs lui demandant des pièces spéciales. Une belle histoire qui ne peut que participer à renforcer aujourd’hui l’appréciation de la marque et de ses produits. Car si ni Jacques-David LeCoultre ni Abraham-Louis Breguet ne sont plus là pour parler de leurs innovations ou expliquer leur vision de l’horlogerie, il est bel et bien possible de rencontrer directement et en personne François-Paul Journe, l’homme qui signe de son nom ses montres et y applique la traditionnelle et belle devise des maîtres-horlogers : Invenit et Fecit (« Il l’a imaginée et il l’a réalisée » en latin). Un atout humain qui fait aussi la différence.

Le paramètre humain

Né à Marseille en 1957, François-Paul Journe est diplômé de l’École d’horlogerie de Paris. Pour parfaire sa formation, il est aux côtés de son oncle, alors un illustre restaurateur d’horloges anciennes, au coeur de Saint-Germain-des-Prés. Bien entendu, le jeune maître horloger développe sa première montre et travaille à son propre tourbillon, et il ouvre son propre atelier, rue de Verneuil, à deux pas de chez Gainsbourg, où les collectionneurs avertis viennent lui commander des pièces uniques.

François-Paul Journe

En 1987, le prix de la Fondation de la vocation Bleustein-Blanchet commence à le mettre en lumière, et le prix du Balancier d’or, attribué par la Convention des horlogers de Madrid en 1989, attire l’attention dans le sérail. Encouragé par des demandes toujours plus nombreuses et par ces lauriers de la profession, il se lance et ouvre une manufacture en Suisse en 1991, pour devenir un prestataire des grandes marques horlogères.

Les étapes décisives vont se précipiter. En 1996, il ouvre un nouvel atelier à Genève pour y concevoir des calibres exclusifs, et c’est en 1999 qu’il dévoile sa première collection de montres, plébiscitées à l’exposition de Bâle. 1999, c’est aussi la date de présentation de son tourbillon Souverain. Une innovation majeure et marquante qui inscrit le nom de François-Paul Journe dans la grande histoire de l’horlogerie, puisque c’est la première fois qu’un système de remontoir d’égalité était intégré dans une montre-bracelet.

Grandes complications, finitions impeccables et production limitée.

Les complications, ce sont bien l’une des clefs de la reconnaissance actuelle des montres F.P. Journe par les collectionneurs, les nouveaux amateurs mais aussi les investisseurs. Car ils ont bien compris que c’est aujourd’hui au cœur du sujet de la démultiplication de valeur des montres. Bien entendu, certains modèles de série, assez « basiques » du strict point de vue horloger, peuvent bénéficier d’une surcote pour des raisons extérieures, comme la provenance historique ou le fait qu’elles ont été portées par une célébrité, mais aussi le design ou un événement marquant, une certaine rareté voire un phénomène de mode. Mais, globalement, ce sont les pièces dotées de belles complications ou d’innovations qui ont la faculté de monter en intensité de manière durable sur le long terme, et peuvent atteindre une forme de stabilité faisant que, passé un certain seuil, elles ne se déprécient plus.

F.P. Journe Elegante

Et il faut dire qu’en matière d’innovations horlogères, François-Paul Journe, dont tous les mouvements sont entièrement façonnés en or, ne manque pas de reconnaissance, y compris le prestigieux prix de l’Aiguille d’or. Dès l’an 2000, il recevait le prix du jury de la montre de l’année au Japon pour sa montre à résonance. Une distinction qui lui a durablement ouvert les portes de ce marché de connaisseurs exigeants. Mais le morceau de bravoure, ce sera le mouvement Octa, probablement l’un des plus archétypiques de la maison. Ce calibre mécanique à remontage automatique s’intègre à toute une collection avec de nombreuses complications remarquées et récompensées. L’Octa Calendrier a reçu en 2002 le prix spécial du jury du Grand Prix de l’horlogerie de Genève, l’Octa Lune a été lauréate du prix de la montre homme de Genève, en 2003.

En 2011, pour sa 10ème édition, le Grand Prix d’horlogerie de Genève décerne son Prix de la Haute Complication au Chronomètre à Résonance. Globalement, depuis 2002, François-Paul Journe a reçu chaque année une distinction au Grand prix D’horlogerie de Genève, excepté en 2007 et 2009, lorsqu’il était membre du jury. Une mise en avant aux yeux du grand public mais aussi une preuve de respect et de reconnaissance de la part des acteurs du secteur qui connaissent bien la qualité et la régularité du travail de cet artiste qui a toujours su garder son indépendance et ne produit qu’un nombre raisonnable de montres chaque année, autour de 700 pièces. La maison a aussi sa longue liste d’attente, mais elle n’en fait pas un argument ni une histoire.

Une question de temps

S’il a très tôt acquis la reconnaissance de ses pairs et des collectionneurs pointus, et s’il a rapidement eu du succès pour vendre ses montres neuves sur les marchés internationaux, François-Paul Journe a mis un peu de temps pour se faire une place de choix auprès des amateurs et des investisseurs. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’ils ne se libèrent des idées reçues et du besoin d’imitation des choix, souvent rassurant, et qu’ils comprennent la valeur de F.P. Journe. Le mouvement est désormais lancé.

F.P. Journe - Chronomètre à résonance

De l’avis des spécialistes interrogés, les prix peuvent augmenter rapidement pour les montres F.P. Journe, mais cela commence seulement à représenter la juste valeur, et souvent pour un montant encore égal ou parfois un peu en-dessous des prix du neuf pour certains modèles. Ce qui constitue encore une très bonne hypothèse d’acquisition, puisque, pour certaines références, les prix ont déjà été multipliés par trois ou quatre. D’autant plus que, les prix usuels des marques en vue, comme Patek Philippe et Rolex, étant au plus fort, tous les acteurs du marché (experts, commissaires-priseurs, marchands, collectionneurs, …) ont intérêt aujourd’hui à pousser vers le haut les valeurs des montres des marques contemporaines et indépendantes. A ce jeu, et pour toutes les raisons évoquées, F.P. Journe a tous les atouts pour briller.

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